Histoire du miel

On ne peut parler du miel sans évoquer les abeilles. On trouve du miel depuis que les abeilles sont apparues sur la Terre il y a 80 millions d’années environ, soit bien avant l’apparition de l’Homme.

L’abeille fait partie de la famille des apidés dont l’espèce la plus courante est « Apis mellifera », ce qui signifie « abeille porteuse de miel ». Ce terme, pas tout-à-fait exact, vient de ce que les hommes ont, tout d’abord, cru que les abeilles récoltaient le miel sur les plantes et le rapportaient à la ruche.

L’origine sacrée du miel

Les plus anciennes civilisations utilisaient toutes le miel tout en lui attribuant une valeur hautement symbolique :

  • Les sumériens (Mésopotamie) et les babyloniens

Le miel était considéré comme une nourriture divine et était utilisé durant les cérémonies religieuses. Les devins voyaient, cependant, dans le miel, l’annonce de catastrophes, de ruines et de malheurs… ce qui ne les empêchaient pas de s’en servir pour fabriquer des tablettes destinées à être gravées. Hérodote, surnommé le « Père de l’Histoire » par Cicéron, explique que les babyloniens enterraient leurs morts dans le miel car il avait la réputation d’être un « conservateur ».

  • Les égyptiens

Pour les égyptiens, les abeilles sont nées des larmes du dieu solaire « Râ » et la consommation de miel était réservée aux prêtres et aux castes supérieures.
Le miel était très utilisé par les égyptiens. Ils lui avaient même consacré un jour férié : « La fête de la vallée où l’on mange le miel ». Ils l’employaient de plusieurs façons :
o Pour leur consommation quotidienne
o Pour colorer et donner du brillant à leurs statues
o Pour embaumer leurs morts
De la même façon, l’abeille était considérée comme une « messagère des dieux » ou comme « une lumière solaire ».

  • Les grecs

Dans la Grèce antique, Zeus, le roi des Dieux, fut lui-même nourri, lorsqu’il était enfant, avec du lait de chèvre et du miel des abeilles du mont Ida ! Alexandre Le Grand, lui-même, fut enduit de miel à sa mort…Le miel était également utilisé comme offrande aux dieux et comme aliment, souvent mélangé à des fruits ou du fromage. Enfin, le miel était un nectar sacré pour les grecs : ils en enduisaient les autels et le crâne des personnes qui allaient être sacrifiées… !
Hérodote rapporte également que les grecs, qui chassaient le faisan dans ce qui est, de nos jours, la Géorgie, immergeaient leurs prises dans des amphores remplies de miel pour les conserver durant le voyage du retour.
Les grecs anciens fabriquaient également de l’hydromel, la boisson principale des Dieux et des héros… À cette époque, Hippocrate utilisait déjà le venin des abeilles pour soigner certains problèmes articulaires.
Aristote, dans son Histoire des Animaux, a consacré aux abeilles plus de pages que pour n’importe quelle autre espèce. Il considère l’abeille comme un animal divin et affirme que la consommation de miel prolonge la vie.

  • Les romains

Dans la Rome antique, le miel est cité dans de nombreux textes de Virgile. Il était utilisé de nombreuses façons, pas toujours très glorieuses : religieuse, spirituelle mais également pour les supplices :

o Lors de nombreux rituels religieux, publics ou privés : on en faisait couler sur la flamme de l’autel familial
o Dans la fabrication de gâteaux au miel destinés aux morts
o Dans les supplices, le corps du condamné était enduit de miel et exposé au soleil…

La mythologie romaine y fait également de nombreuses allusions :

o Bien que Dieu de la vigne, Bacchus était considéré comme l’inventeur du miel
o Les prêtresses de Cérès étaient appelées « abeilles ». De plus, la fille de Cérès, Proserpine, était également appelée «Mellita », ce qui signifie « miellée »
o Dédale, créateur du labyrinthe et père d’Icare, dédia une ruche en or à Vénus.

Le miel, doté de nombreuses vertus, était donc utilisé de multiples façons. Excellent pour conserver les aliments, beaucoup voyaient en lui un élixir de longue vie et lui prêtaient de nombreuses propriétés médicinales. Il était considéré comme le meilleur aliment, la meilleure boisson mais également comme le meilleur médicament.

Les religions en parlent également :

  • La Bible

La Palestine est décrite comme la terre promise, un « pays où ruissèlent le lait et le miel ».
La parole de Dieu est comparée à du miel.
Le Cantique des Cantiques lui dédie également des versets :
« Tes lèvres, ma fiancée, distillent le miel vierge.
Le miel et le lait sont sous ta langue…
J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée.
Je récolte ma myrrhe et mon baume,
Je mange mon miel et mon rayon,
Je bois mon vin et mon lait. »
Dans le Judaïsme, le miel est un symbole de renouveau et il est traditionnellement consommé pour célébrer la nouvelle année.

  • Le Coran

Un chapitre entier du Coran est consacré aux abeilles : « De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées, dans laquelle il y a une guérison pour les gens. »
Il est également fait mention de « fleuves d’eau, de lait, de vin et de miel ». Il est considéré comme un des aliments majeurs et les plus bénéfiques pour la santé des hommes par le Coran, qui cite, à plusieurs reprises, le miel dans ses textes.
On peut, par exemple, lire dans la sourate (chapitre) intitulée « Les abeilles » les versets suivants :
[68] Ton Seigneur a inspiré aux abeilles : «Prenez des demeures dans les montagnes, dans les arbres et dans les treillages que les hommes érigent. [69] Butinez ensuite de toutes les fleurs et suivez en toute humilité les voies de votre Seigneur !» De leur abdomen est sécrétée une liqueur de diverses couleurs et aux effets salutaires pour les hommes. N’y a-t-il pas là encore un signe pour des gens qui réfléchissent ? »
Dans les « hadîths », le miel est également cité de nombreuses fois. Un hadîth est une communication orale du prophète Mahomet et, par extension, un recueil regroupant l’ensemble des traditions relatives aux paroles et actes de Mahomet et de ses compagnons. Certains hadîths témoignent de l’efficacité du miel pour guérir les maux de ventre (diarrhée, problèmes d’estomac, ulcère, etc…). Ils citent : « Deux guérisons existent et sont mentionnées dans le Coran : le Saint Coran et le Miel ».

Un aliment plus vieux que l’homme

L’origine du mot « miel » date du 10ème siècle, du latin « Mel » et qu’on retrouve également dans la langue portugaise « O mel ». Mais sa consommation est bien plus ancienne car l’abeille est apparue sur Terre il y a environ 80 millions d’années.
Il apparaît déjà sur les peintures rupestres dessinées par les premiers hommes. La première trace de collecte de miel provient d’une peinture rupestre retrouvée dans une grotte en Espagne dont l’ancienneté est estimée à 8 000 ans. Tout au long du Néolithique, des gravures anciennes représentent des scènes similaires en Inde, en Australie ou en Afrique. À cette époque, déjà, les hommes récoltaient et consommaient du miel sauvage. Il s’agit du premier aliment sucré consommé par l’homme.
Bien avant de produire du miel, l’homme le récoltait déjà dans la nature, dans les troncs d’arbres creux, sous des roches moussues ou encore dans des fosses creusées à même le sol. La consommation de miel signifiait alors une destruction des colonies d’abeilles qu’il fallait déloger ou tuer pour récolter le miel. Cette pratique subsiste encore dans certaines régions du monde : Himalaya, Russie et certains pays d’Afrique.
Il est également au cœur des mythes et des légendes et son histoire se perd dans la nuit des temps. Il est produit par les abeilles mais issu du nectar des plantes. Dans de nombreuses cultures et religions, ce produit noble est devenu le symbole unissant le ciel et la terre.
Des gravures, trouvées dans un temple égyptien, montrent que l’apiculture était déjà connue en Egypte en 2400 av. J.-C. Les égyptiens utilisaient des ruches en terre cuite et enfumaient les ruches pour la récolte. De nombreuses traces prouvent que cette activité s’est développée sur tout le pourtour méditerranéen durant le 2ème millénaire avant J.-C. Ainsi, les lois Hittites, rédigées vers 1500 avant J.-C. sur des tablettes d’argile, punissent le vol de ruches au même titre que le vol de raisin dans les vignes.
Durant l’Antiquité et le Moyen-Âge, le miel a été utilisé comme remède, condiment ou en confiserie. Il servait également à la fabrication du vin miellé, du pain d’épices et on en faisait de l’hydromel. Cette boisson fermentée, à base d’eau et de miel, est l’une des premières boissons alcoolisées consommée par l’homme. Les premières traces de production d’hydromel remontent à l’âge de bronze au Danemark !
Ce n’est, finalement, qu’assez tardivement, que l’homme passera de la récolte du miel sauvage à la domestication des abeilles ! La ruche à cadres amovible fait son apparition à la fin du 18ème siècle, ce qui permet à l’apiculteur de ne prélever qu’une partie des réserves de la ruche sans anéantir la colonie d’abeilles. C’est une véritable révolution !

Au 19ème siècle, chacun propose son format de ruches, dont beaucoup de moines et de curés ! Aujourd’hui encore, il n’existe pas de format de ruche standard, même si celle mise au point par Charles Dadant, apiculteur haut-marnais émigré aux Etats-Unis, est sans doute la plus répandue en France et en Europe.
Au fil du temps, l’être humain a appris à sélectionner les miels en fonction des lieux et des dates de floraison afin d’obtenir différents parfums. Aujourd’hui, on peut répertorier plusieurs dizaines de miels de qualités organoleptiques différentes dont : miel de trèfle, de luzerne, de fleurs sauvages, d’acacia, de tilleul, de pommier, de sarrasin, de lavande, d’arbousier, de verge d’or, de thym, de romarin, de montagne, de forêt, de sapin, de châtaignier, de bruyère…

Le miel, une tradition millénaire, est associé à la longévité

Dans l’ancien testament, la consommation de miel était associée à la longévité. Il est symbole de renouveau dans le judaïsme. Dans la religion hindoue, le miel est l’un des cinq ingrédients de l’élixir d’immortalité et les Mayas l’utilisaient pour les cérémonies religieuses et dans la pharmacopée.
Depuis l’Antiquité, nombreux sont ceux qui ont cherché des astuces pour préserver la jeunesse et retarder les effets du vieillissement. Les avancées technologiques ont développé plusieurs méthodes pour paraître plus jeune mais, cependant, tout cela n’est possible qu’avec une bonne santé et la vitalité nécessaire pour vivre le plus longtemps possible.
La longévité et la conservation de la jeunesse se trouvent, tout d’abord, dans de bonnes habitudes alimentaires. Notre organisme doit être en bonne santé pour rester longtemps en vie et il doit nous donner les forces indispensables, quel que soit l’âge. Il a, cependant, été constaté que de nombreux centenaires consommaient chaque jour un peu de miel, de préférence le matin.

Le miel est-il donc le secret pour la vie éternelle ? C’est ce qu’affirmait l’américain Fred Hale, doyen de l’humanité jusqu’en mars 2004, où il s’est éteint après avoir succombé à une pneumonie. Apiculteur, il avait consacré toute sa vie au jardinage et à la cuisine. Il consommait du miel tous les jours. Le miel ne peut peut-être pas nous garder en vie éternellement mais il possède de nombreuses vertus antiseptiques et médicinales qui ne sont plus à démontrer !
Les hommes ont donc tout intérêt à prendre un soin tout particulier des abeilles car elle est, de plus, une véritable sentinelle de l’environnement. Malheureusement, elle subit chaque jour les préjudices des actes commis par l’homme ! La survie de l’humanité dépend entièrement de celle des abeilles, ne l’oublions surtout pas !

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